FARAH CAMUS : Je suis un chat ou l’art de la séduction

FARAH  CAMUS : Je suis un chat ou l’art de la séduction

Je suis un chat ou l’art de la séduction
Farah Camus

Depuis peu je connais une grande et belle maison, à l’air très confortable, avec un jardin magnifique. Je me promène sur les rebords des fenêtres, je vois le feu dans la cheminée, les livres ouverts sur les tables basses, les jouets d’une petite fille.

à midi, la cuisinière sert des plats très appétissants dans la salle à manger : poulet, rôti, poisson. à table, il y a une femme assez jeune et une petite fille, Elles parlent et elles rient. J’ai déjà essayé de séduire la jeune femme, Sans succès,

Mais la petite fille n’est pas insensible à à mon charme, à mes poils roux et soyeux et mes yeux verts. Souvent, en sortant de la maison, elle s’arrête pour me caresser, Hier je suis monté jusqu’à sa chambre, la fenêtre était  ouverte, Alors je suis rentré et je me suis installé sur le lit. En rentrant de l’école, elle a été très étonnée de me trouver sur son lit. Nous avons joué ensemble, elle veut m’apprendre à lire et fait la maitresse, à l’heure du diner elle m’a apporté une soucoupe de lait.

C’était bien agréable de dormir près de son oreille, sous les draps tout doux et propres, et de sentir son souffle. Je n’ai pas manqué de ronronner de toutes mes forces pour l’habituer à ma présence, Ce qui m’a fatigué énormément, Au petit matin entendant les oiseaux chanter et virevolter devant la fenêtre je n’ai pas pu résister, et je suis sorti discrètement dans le jardin

J’espère qu’en se réveillant je vais lui manquer, et que ce soir elle va guetter mon retour, Mais je n’irai pas dans sa chambre ce soir, Il faut qu’elle se rende compte que ma présence est précieuse, J’irai peut être demain, ou après-demain…

Ainsi, peut-être, bientôt je serai le chat de cette belle maison.

Ce soir je l’ai vue de ma cachette, Elle regarde par la fenêtre, elle appelle, minou, minou, mais je reste bien caché dans le feuillage de l’arbre qui se confond avec mon pelage roux. Au bout de quelques temps, elle abandonne, Elle s’en va, mais laisse la fenêtre entrouverte. Lorsqu’elle s’endort, je rentre et je m’installe sur le lit, Elle ne se rend compte de rien. Au petit matin, avant qu’elle se réveille, je m’en vais, Je passe de longues heures à courir et chasser dans le jardin.

Je regagne sa chambre avant qu’elle arrive de l’école, je suis bien fatiguée aujourd’hui. Elle rentre dans la chambre et en me voyant elle à un grand sourire qui illumine son petit visage, Elle me dit : alors tu étais passé où, petit monstre ? Point de réponse mais je ronronne et fais des galipettes pour l’amuser, Il me faut subir encore sa leçon d’aujourd’hui pour l’amadouer.

Une fois le jeu terminé, je me mets devant la porte de sa chambre et je miaule avec une intonation désespérée. Je vais lui faire comprendre que je veux descendre au rez  de chaussée, Je sais parfaitement qu’elle n’ouvrira pas la porte de crainte de sa mère, Que dira-t-elle ? Elle essaye de m’amadouer, jeu de ficelle, coupelle de lait, mais je dédaigne tout cela et m’enfuis par la fenêtre, Soit je suis dans la maison mais partout, soit je ne suis pas du tout ! Elle est triste et regarde par la fenêtre.

Le lendemain  à l’heure ou elle part à l’école je me poste devant la porte d’entrée, Elle sort de la maison et, me voyant assis sagement devant la porte, elle saute de joie. Elle crie maman, maman, c’est mon chat, il est revenu, Sa mère la tire par la manche et l’emmène en me jetant un coup d’œil distrait.

J’attendrai le retour de la mère allongé sur le paillasson, Elle me verra ainsi tous les jours devant sa porte après avoir déposé sa fille à l’école. Ainsi je vais, je viens, je l’approche, je me laisse caresser… ou je m’enfuis selon mon humeur !

La maman dit à sa fille : mais c’est un vrai sauvage, La petite fille répond, agacée : mais pas du tout, il vient dans ma chambre et dors avec moi.

Depuis peu, lorsque la maman reviens de l’école  et ne me voit pas sur le paillasson, elle regarde partout et appelle timidement : minou, minou, évidemment je ne réponds pas. Je suis en mode camouflage.

Ainsi va ma vie de chat, Dehors… Dedans… Absent… Présent… Je persévère et affine ma stratégie de séduction chaque jour.

Enfin, la semaine dernière, la maman revient de l’école, Il fait un peu de vent, il pleut, Elle ouvre la porte. Je me glisse doucement entre ses jambes et je rentre dans la maison, Je m’assois à coté de ses jambes, l’air soumis et innocent.  Bah oui, j’ai froid ! Tu ne vois pas ? Elle pose ses clés, son sac, se penche vers moi en me caressant le dos et me dit finalement : tu n’es pas si sauvage que ça.

Voilà, je suis le chat de la maison