NONO : Je suis un chat

NONO : Je suis un chat

Je suis un chat
Nono

Miaou, miaou, c’est moi Cachou, enfin c’est ce qui était écrit sur le collier que j’ai perdu quand je suis partie de chez moi.

Vous ne me connaissez pas, alors je vais vous raconter ma vie.

Je suis née dans une gentille famille de deux enfants où je vivais entourée de deux frères et sœurs. Nous étions choyés, câlinés surtout moi qui étais la préférée de ma petite maitresse, ce fût un véritable bonheur pendant un temps.

Puis, bizarrement, ma petite maitresse fit de moins en moins attention à moi. Elle était  beaucoup moins enjouée, presque toujours fatiguée, je ne la reconnaissais pas. J’essayais bien de la divertir un peu, je m’installais sur ses genoux, ronronnais dans son cou, mais je voyais bien que par moment je l’agaçais. Elle a commencé à  s’absenter, au début quelques jours et elle réapparaissait, puis repartait. Cela se produisait de plus en plus souvent. Je me rendais bien compte que quelque chose n’allait pas.

Et…,  elle n’est plus revenue.

Ma vie n’a plus été la même. La maisonnée était triste. On nous donnait nos repas mais plus de câlins, plus de jeux, plus de rire. Ma petite maîtresse me manquait, alors, un jour moi aussi je suis partie.

Cela n’a pas été facile. Je marchais beaucoup, au hasard. Je n’avais pas d’endroit où me reposer, j’étais toujours aux aguets, C’est ainsi que j’ai découvert tout le quartier. J’ai dû me débrouiller pour survivre. Quand j’avais faim, j’essayais de réclamer auprès des habitants, mais j’étais toujours chassée, avec des cailloux, avec des cris « file de là », « dégage », voire même à coups de pieds.

Quelle galère !! Je n’étais pas habituée à ce genre de comportements.

Pour subsister, j’allais chasser, mais ce n’était pas toujours fructueux alors je me rabattais sur les sacs poubelles, quand j’en trouvais. Je les perçais en espérant récupérer un petit quelque chose, ce qui n’était pas toujours le cas. Pour boire, les flaques d’eau étaient rares, surtout en été. Dur dur !!

Pour dormir un peu, je me blottissais sous les arbres ou dans des tas de bois, ou encore dans des jardins privés quand il y avait un abri. Je m’y sentais protégée. Mais là, la concurrence était féroce, je me battais souvent pour défendre mon petit coin. Pour passer le temps, je chassais, surtout les oiseaux. Qu’est-ce qu’ils sont rapides!! Je restais des heures à les guetter, sans bouger, mais impossible de les attraper.

Je trouvais le temps long, je n’avais pas très envie de jouer. Je traînais çà et là.

Et puis, un matin de printemps, je suis arrivée devant un jardin où deux petits chiens blancs étaient en train de jouer. Je les ai observés un moment, et  doucement  j’ai essayé de me joindre à eux.  Surprise, ils ne m’ont pas chassée. Je trouvais bien leurs jeux bizarres… Mais bon !! Je les ai suivis. D’abord de loin, puis j’ai couru avec eux. Çà, je sais faire !! Je me suis retrouvée avec eux devant la porte de leur maison.

Là ils sont rentrés. Je n’ai pas osé les suivre. Alors, tristement je suis partie traîner dans d’autres jardins.

Je suis revenue régulièrement. Je les attendais, j’espérais les voir, jouer avec eux. Mais ils n’étaient pas toujours dehors. Alors, un jour, j’ai sauté sur le rebord de la fenêtre. J’ai regardé à l’intérieur de la maison, espérant les apercevoir.Mais je n’ai vu qu’un couple.

Je suis repartie.

Plusieurs fois, je suis revenue devant cette maison pour tenter ma chance. Et un  matin, j’ai eu la surprise de voir la porte s’ouvrir. La dame m’a apportée une petite coupelle de croquettes et m’a fait une caresse. Que c’était bon !! Je suis partie réconfortée, en me disant que j’allais revenir, que cette dame était gentille, comme ses chiens.

Et un jour, la porte s’est ouverte, on m’a invitée à entrer, j’ai eu droit à nouveau à des croquettes et des bisous. Quel bonheur !! Je ne suis pas ressortie.

J’ai appris, depuis, que c’est Béa qui m’a accueillie et que mes copains s’appellent Tommy et Voyou.

Ils sont supers avec moi, ils acceptent que je me repose à leur côté. Nous jouons quelquefois ensemble mais nous n’avons pas toujours les mêmes jeux.

Béa est très gentille, elle est très câline,  je crois que finalement je ne déplais pas trop à cette famille. En tout cas moi, ils me plaisent énormément. Nous nous sommes adoptés. Souvent le soir, quand Béa regarde la télévision, je pousse Voyou qui est installé sur ses genoux pour le remplacer. Il grogne mais j’ai le dernier mot. Je suis chez moi aussi après tout !! Alors je  m’allonge sur Béa qui me fait des caresses mais elle râle à chaque fois que je lui pétris les cuisses, je ne comprends pas pourquoi d’ailleurs !!

Grâce à Tommy et Voyou, j’ai appris beaucoup de choses. Pour sortir, ils se mettent devant la porte et aboient, moi je miaule. Quand j’ai envie de manger, je fais comme eux, je m’assois devant le placard où se trouve notre nourriture.

Quelquefois, la voisine, que Béa appelle Nono, vient nous rendre visite. On a fait connaissance. Je la vois souvent dans le jardin d’à côté, si bien que maintenant, quand je sors et que Béa ne répond pas à mes appels je peux aller trouver Nono qui gentiment m’offre le gîte et le couvert. Chez elle, j’ai de la pâtée. C’est différent des croquettes, mais j’aime bien aussi.

J’ai maintenant une deuxième maison. J’y vais quand mes maitres d’adoption s’absentent. Je suis très chouchoutée chez Nono aussi. Par contre, il me manque les chiens que j’adore taquiner, surtout en leur piquant un panier, ils sont obligés de dormir à deux dans l’autre.

J’ai aussi repris goût aux jeux. Dans le jardin, je cours après les feuilles, essaye d’attraper les insectes. Je chasse pour le plaisir, et quand j’attrape une souris, j’en fais cadeau à Béa. Un jour je me suis même amusée avec une pie : c’était à celle qui arriverait à approcher le plus près de l’autre. Quand je bougeais, elle se sauvait et revenait me narguer régulièrement. Un rien m’amuse, un bouchon, une ficelle, une mouche.

Souvent, Béa s’en va en voiture avec son mari et les chiens. Alors je vais squatter chez Nono, ça me va bien. Sa maison est à ma disposition. Quand il fait froid, j’adore m’allonger devant la cheminée. Dans la véranda aussi c’est sympa : j’ai une chaise longue à ma disposition d’où je peux regarder les oiseaux, les pies, les pigeons qui viennent picorer dans le jardin. Parfois, je vais dans une chambre, à l’étage, je me blottis entre deux oreillers et je m’amuse quand j’entends Nono ou son mari me chercher partout en m’appelant.

Cependant, je suis très heureuse de retrouver  Tom et Voyou quand ils reviennent, je m’ennuie quand même sans eux.

Un printemps, je me suis retrouvée coincée dans une cage. On nous a déposées dans la voiture. Je n’étais pas au bout de mes surprises. Après quelques heures et beaucoup de miaulements on m’a libérée dans une nouvelle maison. Heureusement, Tommy et Voyou m’ont rassurée par leur calme, ils connaissent bien les lieux. Doucement je me suis appropriée la maison, le tour de la piscine, le jardin, les nouveaux bruits et les nouvelles odeurs. Nous y retournons régulièrement. Quand on revient,  je vais dire bonjour à Nono et déguster ma pâtée.

Dernièrement, j’ai eu pas mal de soucis de santé. Béa et Nono m’ont emmenée chez le vétérinaire qui leur a dit que j’avais les problèmes de mon âge. Je ne comprends pas tout mais je me force à avaler les comprimés et supporte les piqûres.

Dorénavant,  Béa ne me laisse plus seule. Elle m’emmène même à la montagne où je ne peux pas sortir. Il y fait très froid et il y a trop de neige. Brrr  Brrr !!

De plus en plus souvent, mes soucis de santé obligent Béa à m’emmener chez le vétérinaire. Elle se fait beaucoup de soucis car elle a découvert une boule sur mon ventre.

Maintenant, je suis bien fatiguée. Je n’entends plus beaucoup et je passe énormément de temps à dormir. Je prends beaucoup de médicaments, et mes compagnons me fatiguent. Je n’ai plus le courage d’aller voir Nono. Alors, elle vient de temps en temps prendre de mes nouvelles.

J’ai beaucoup de temps pour penser.

Je me dis que ma vie bien que chaotique, est heureuse. J’ai eu beaucoup de chance d’avoir été adoptée par des gens formidables.

Et je sais, maintenant, que c’est avec eux que je finirai ma vie.